Lou Callaghan ♥ The sound of my heart

« Lou, ma chérie, qu’est-ce que tu veux pour ton anniversaire ? » Maman m’adressait la parole, je levais enfin les yeux de mon coloriage pour réfléchir un instant à ce que je souhaitais du plus profond de moi-même pour mon anniversaire. En réfléchissant, mon regard passa sur la fenêtre de la cuisine et remarqua le petit détail qui me manquait terriblement pour ce jour spécial. « Je sais ce que je veux ! » M’écriais-je en bondissant de ma chaise et filant droit vers ma mère pour la prendre dans mes bras. « Et quoi donc petite renarde ? » Elle me sourit tendrement en me serrant contre elle, lâchant par la même occasion le verre qu’elle tenait en main. « Je veux de la neige ! » Lui ai-je répondu pleine d’espoir, les yeux remplis d’étoiles alors que je croyais dur comme fer que nous pouvions transformer la pluie qui durait en une douce neige brillante et d’une blancheur éclatante. Ma mère a éclaté de rire mais sans un brin de méchanceté, moi, je me contentais de froncer les sourcils sans vraiment comprendre ce qu’il se passait. Je venais pourtant bien de lui dire ce que je souhaitais pour mon anniversaire, alors pourquoi riait-elle à en pleurer ? « Pourquoi tu rigoles maman ? » Posais-je la question tout en gardant cet air interrogateur. « Mais parce qu’on ne peut pas faire neiger comme on veut ma chérie. » m’avait-elle répondu alors en me serrant dans ses bras une nouvelle fois. « Mais pourquoi ? Ils le font bien pour le ski. » Je répondis du tac à tac sans vraiment comprendre pourquoi ma requête ne pouvait pas être acceptée. « Parce qu’ils ont de grosses machines pour faire de la neige. Nous n’en avons pas ici. Mais tu ne voudrais pas quelque chose d’autre ? Un livre ou un nouveau jeu ? » Me demanda-t-elle alors en me prenant les mains et les balançant de gauche à droite. Je réfléchis de nouveau, me concentrant sur ce qui pourrait me faire plaisir du haut de mes 8 ans qui approchent à grands pas. « Je sais maman ! Je veux un appareil photo ! Comme ça je prendrais la neige en photo et je l’aurais tout le temps avec moi pour mon anniversaire ! » L’idée me paraissait géniale et merveilleuse et rien ne pouvait me faire changer d’avis pour le coup.

Nous sommes donc allées dans le magasin pour prendre cet appareil photo ensemble et le choisir toutes les deux. J’allais avoir mon cadeau d’anniversaire en avance ! Il m’avait fallu deux bonnes heures avant de me décider sur l’appareil que je voulais et surtout la couleur ! Est-ce que je prenais un rose bonbon avec plein de paillettes dessus ou un beau rouge avec un gros cœur tracé en noir ? L’hésitation allait me faire flancher mais je pouvais bien entendu compter sur ma mère pour m’aider. Et au final, après avoir joué à pile ou face la couleur de l’appareil, nous sommes ressorties avec le rose bonbon tout plein de paillettes que j’aimais déjà du plus profond de mon cœur. Mon tout premier appareil ! Nous sommes arrivées toutes les deux sur le parking, et là, surprise ! Mon père nous avait rejoints après son travail, ni une ni deux je me suis mise à courir vers lui en laissant le paquet à ma mère. « Non Lou arrête toi ! » Hurla-t-elle comme une folle en essayant de me rattraper. Je n’avais pas vu la grosse voiture arriver dans ma direction et bien entendu elle roulait un peu trop vite pour un parking. Et moi, en tant qu’enfant, je me suis bêtement arrêtée de courir pour l’observer venir vers moi, freinant des quatre fers pour réduire sa vitesse. Mais c’était trop tard, j’ai été percutée de plein fouet, retombant fort en arrière, la tête la première contre le sol. Je ne me souviens pas de grand-chose après cela. Je m’étais simplement réveillée une première fois à l’hôpital avec de nombreux médecins autour de moi, puis je me souviens de mon bras cassé et des nombreuses blessures que j’ai eu en retombant sur du gravier. J’en garde encore les cicatrices aujourd’hui, quelques une dans le dos ainsi qu’une plus grosse dans la nuque elles se retrouvent aussi lorsque je me transforme en renarde, les poils autrefois bruns et roux sont blancs et gris.

« Eh Lou ! Prends nous en photo ! » S’écria Eric, un des joueurs de foot les plus prometteurs de notre promo. Je m’exécutais aussitôt et prit une photo sur le qui-vive. J’étais chargée de l’album photo de notre dernière année de lycée, album qui devait être terminé pour la semaine prochaine et être publié dans la chaine. J’étais stressée et énervée de ne pas voir mon travail avancé. Mais je pouvais compter sur Eric, j’ai toujours pu compter sur Eric. Notre temps de midi débutait et je faisais la file avec mon plateau comme les autres, entourée de mes amis. Nous étions une belle et grande bande, j’ai toujours eu cette chance d’être rapidement acceptée peu importe l’endroit où je me trouve, de cette manière je me suis rapidement liée d’amitié avec les pom-pom de l’école ainsi que les joueurs de foot. Je les prenais en photo à chaque match et ils les appréciaient beaucoup. « Dit Lou, tu vas au bal avec quelqu’un vendredi ? » Eric était arrivé à notre table, nous étions les deux seuls arrivés pour le moment. Surprise par cette demande, j’avais avalé une gorgée d’eau de travers ce qui me fit tousser comme une dingue. « Ça va ?! » Me demanda-t-il aussitôt en venant de mon côté de la table et passant une main dans mon dos. « Oui, oui, oui, ça va passer ! » Répondis-je entre deux toux avant de reprendre mon souffle. « Alors, tu veux bien y aller … avec moi ? » Reprit-il en gardant sa main posée dans mon dos. « De quoi ? » Lui demandais-je, j’avais déjà oublié sa question. « Eh bien, venir au bal, vendredi … » Reprit-il une nouvelle fois en hésitant. « Oh et bien … Oui, pourquoi pas ! » Je répondis en lui souriant, il était mon ami et je ne voyais pas le mal que cela pouvait faire d’y aller ensemble.

J’avais revêtu une belle robe d’un bleu clair très doux pour les yeux avec quelques flocons blanc délicatement cousus dans les voiles de la jupe. Pas vraiment de saison pour ce bel été qui s’annonçait mais étant née en hiver c’était devenu ma saison préférée et aussi parce que j’adore être décalée. Eric était très beau aussi dans son costume, mon père lui avait foutu la trouille lorsqu’il est passé me chercher. Mais il ne s’était pas dégonflé et nous sommes donc arrivés en vie à l’école pour notre bal de fin d’année. « Tu veux danser ? » Me proposa-t-il après un moment à parler avec les autres et échangés quelques rires. J’acceptais volontiers et nous avons donc commencé un slow. Au beau milieu de celui-ci, Eric semblait terriblement nerveux. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Lui demandais-je. « Tu ne vas pas me vomir dessus j’espère ! Il y avait pas beaucoup d’alcool dans la petite gourde qu’on a partagé avec les autres pourtant … » Reprenais-je aussitôt en le regardant bizarrement. Il finit par se racler la gorge avant de se lancer. « Lou, tu sais … Ca va faire un moment déjà que je t’aime vraiment beaucoup et … et je voulais te demander quelque chose avant qu’on parte pour nos universités … » Je fronçais les sourcils, interrogative et l’encourageant à terminer ce qu’il devait me dire. « Je voulais savoir si tu voulais sortir avec moi ? » Osa-t-il me demander en rassemblant tout son courage. Mais malheureusement je ne pouvais pas lui répondre par l’affirmatif, tout en continuant de danser je finis par lui répondre. « Eric, je t’aime beaucoup tu sais mais … tu es mon ami. Je ne veux pas gâcher cette amitié … » Il eut l’air déçu mais continua de me sourire jusqu’à la fin de notre danse. Je ne le vis plus par après. Ce que je ne pouvais pas lui dire c’est que je sais ce que je suis. Et que la renarde en moi n’aurait pas accepté ce genre d’amourette. Non, je recherche cet amour qui viendra un beau jour et qui me fera oublier ce genre d’incident de parcours. Le cœur en miette, je n’avais pas revu Eric de la soirée. Je suis donc rentrée chez moi avec une amie et fondit en larme dans ma chambre. Ma mère me ramassant en petit morceau le restant de la nuit alors que je lui expliquais cette amitié perdue.

Aujourd’hui, je crois toujours en la beauté de l’amour, du vrai. Toujours dans cette même petite ville, j’en connais tous les recoins et quelle lumière peut faire jouer l’intensité du sentiment que fait ressortir cette ville. Et si vous vous posez la question, oui, je suis toujours vierge même si j’ai tout de même appris à me jouer de cette renarde et à avoir quelques aventures qui se sont terminées car jamais je ne ressentais ce merveilleux sentiment qui, un jour, fera battre mon cœur. Alors je garde mes photos, travaillant en tant que photographe professionnelle.